Une image d'epinale s'est brisée : la biere n'est plus une gourmandise reservée aux moines ! Un concurrent, et pas n'importe lequel, semble leur faire de l'ombre sur les étiquettes de biéres : le Diable ! Mais qu'est-ce qui a bien pu pousser nos amis brasseurs à une telle association ?
La Force
Lorsqu'à Breendonk (Belgique), on goûte le premier mélange fabriqué avec une etrange levure venue d'Ecosse, on le décrit avec un certain sens de l'abstraction comme "nen echten duvel - un véritable diable". Dès 1923, cette bière sera donc commercialisée sous le nom de "Duvel". Son succès donnera naissance à une veritable tradition diabolique : désormais, en Belgique ou ailleurs, lorsque l'on brasse une blonde un peu forte, on invoque le prince des ténebres ! Et voila que sur les étiquettes fleurissent les diablotins. D'ailleurs, on les imagine très bien, comme dans une B.D. de Tintin, venir se percher sur notre epaule pour nous chuchotter : "Cette bière est diablement bonne". Comment résister à un tel argument ! Après tout, il est bien placé pour vanter la force et le caractère d'une biere. Finalement, boire une bière vendue par Satan, c'est comme passer un pacte avec le Diable. On est certain que les sensations fortes seront au rendez-vous, et peut importe l'ivresse ! | "Bière au Diable" par Eugène Ogé |
Quelques exemples de bieres diaboliques, blondes et fortes :
Duvel | Lucifer | Satan | Belzebuth | La Bière du Démon |
Les brasseurs aiment affirmer l'appartenance regionale de leur biere et empruntent donc souvent leur nom à des personnages ou des legendes locales.
Bien souvent, on dessinera un Moine sur l'etiquette si l'on a la chance d'avoir une abbaye dans les environs. Mais son concurent direct, le Diable, sera plutot utilisé pour rappeler une legende diabolique. Voila un moyen efficace de l'ancrer dans le patrimoine regionale. Pensez-donc, cette biere vous rappelle une histoire que votre grand-père vous contait naguere au coin du feu. Elle fait presque partie de la famille !
La Maudite | La Jenlain | Dübelsbrücker Dunkel |
Le Mal ?
Mais pourquoi cette représentation du démon est-elle aussi populaire? Peut-être parce qu'au
fond de l'inconscient humain sommeille une troublante perception de forces surnaturelles
incarnant le mal. Par une telle mise en scène, on cherche à les exorciser, à les rendre
inoffensives. Plus diablotin farceur que serviteur du mal, le Diable semble avoir compris: la clé du succès, pour lui, c'est le détour par les frissons de plaisir, l'humour et la dérision. "Le Diable veut toujours le mal, mais il finit toujours par faire le bien" - Goethe |
Dessin : Biere Mag' |
L'Eau Benite | Arrogant Bastard Ale | La Kwelchouffe | Le Diable Rouge |
Les Bières Diaboliques | |||||||||||||||
|
|||||||||||||||